Comme le veut la tradition instaurée de longue date par l'éditeur américain Activision, la série Call of Duty accouchera le 13 novembre prochain de son épisode annuel sous-titré : Black Ops II. Loi de l'alternance oblige, c'est à Treyarch qu'est revenue cette fois la lourde tâche de développer le jeu. Ce qui aurait sonné comme une mauvaise nouvelle il y a encore deux ans de cela. Mais si le studio californien a longtemps peiné à se défaire de la mauvaise image qui lui collait à la peau – celle du concepteur des volets les moins réussis - cette époque est aujourd'hui révolue. Avec Black Ops, sorti en 2010, les équipes de Treyarch ont prouvé qu'elles étaient capables de soutenir la comparaison avec celles d'Infinity Ward. Plus matures, plus confiants en leurs capacités aussi, les développeurs ont même décidé cette année de se lancer dans une refonte de la campagne solo de la franchise. Pour un résultat qui s'annonce enthousiasmant !
Inutile de se le cacher, la présentation de la campagne solo d'un nouveau Call of Duty ne contient généralement aucune surprise côté gameplay. Les développeurs y parlent améliorations, retouches mais rarement innovations. C'est d'ailleurs là l'une des principales critiques formulées par les détracteurs de la série à son encontre. Il faut dire que la formule est d'une telle efficacité que l'on comprend aussi quelque part cette volonté de ne prendre aucun risque. D'autant que le public suit. En masse ! Du coup, les seules questions qui se posaient quant à l'épisode prévu pour la fin d'année concernaient l'époque à laquelle se déroulerait l'histoire et les personnages impliqués. Même le sous-titre du jeu, Black Ops II, avait déjà filtré sur le Web avant son annonce officielle par Activision. Oui mais voilà, cette fois, le studio Treyarch a décidé de prendre tout le monde à revers. De ne pas se contenter du minimum. A bien des égards, leur titre se différencie ainsi nettement de ses prédécesseurs.
Il faut prévoir une bonne dose de gel pour rester coiffé sur le champ de bataille.
Il n'aura d'ailleurs pas fallu beaucoup de temps pour que l'on comprenne en quoi Call of Duty : Black Ops II serait singulier. Dès l'annonce de son contexte, cette volonté de changement est apparue évidente. Le jeu propose ainsi un scénario scindé en deux parties. La première fait directement suite à Black Ops, déjà conçu par Treyarch. L'histoire débute donc dans les années 80, en pleine guerre froide. Elle met en scène des personnages déjà croisés par le passé tels qu'Alex Mason ou Frank Woods. Beaucoup plus originale, la seconde partie – qui constitue les deux tiers du jeu – prend place en 2025, dans un futur proche. On y incarne David Mason, le fils d'Alex, un soldat américain ardent défenseur de sa patrie. A l'image de son paternel, lui aussi doit composer avec la guerre froide. La seconde de l'histoire en l'occurrence. Celle-ci oppose à nouveau deux blocs qui semblent être dirigés par les Américains d'un côté et par les Chinois de l'autre. Concrètement, on ne sait pas vraiment ce qui a déclenché le conflit. Ce qui est sûr, c'est que la Chine contrôle 95% de la production mondiale de terres rares (à ce jour, c'est également le cas dans la réalité). Ces deux mots accolés l'un à l'autre désignent un groupe de 17 minéraux servant à la fabrication de tous les appareils de haute-technologie (ordinateurs, téléphones portables...), des voitures hybrides ou encore d'armes de toutes sortes. On comprend donc facilement en quoi le quasi-monopole chinois pose problème.
David Mason est le digne successeur de son père.
Pour élaborer ce contexte, Mark Lamia, le directeur de Treyarch, et ses équipes, ont fait appel à un spécialiste des conflits du XXIe siècle : Peter Warren Singer. Celui-ci a notamment écrit un livre (Wired For War) qui a fait grand bruit aux Etats-Unis. Son sujet, l'utilisation croissante de la robotique par les armées du monde entier. Pas étonnant que le jeu propose aux joueurs d'utiliser des drones et autres plates-formes d'assaut. C'est également lui qui a évoqué en premier les terres rares. Personne n'en avait entendu parler au sein du studio. Si Mark Lamia a sollicité l'aide de Singer, c'est parce qu'il souhaitait que Black Ops II reste crédible de bout en bout. Le but n'est pas de verser dans la science-fiction mais au contraire de proposer un conflit plausible. Evidemment, Treyarch a également longuement travaillé sur la manière dont la transition entre les deux époques allait s'effectuer. Ce lien prend l'apparence d'un homme, en l’occurrence, l'ennemi principal contre lequel vous allez devoir lutter. Son nom : Raul Menendez. Pendant les années 80, vous verrez à travers les yeux des personnages incarnés comment cet homme est progressivement devenu un terroriste, un véritable monstre sanguinaire. En 2025, vous assisterez à l'exécution du plan de ce fou furieux. Ce dernier parviendra notamment à prendre le contrôle de drones de l'armée américaine pour s'en servir contre leurs propriétaires, les Etats-Unis. Puis contre d'autres pays comme la Chine. C'est là tout l'intérêt de Black Ops II qui ne propose pas un scénario avec une unique couche de lecture. Il y a cette guerre froide qui fait office de background fouillé et qui joue un rôle important dans le scénario. Mais il y aussi et surtout Raul Menendez qui sera la réelle menace du jeu.
Des drones de toutes tailles seront de la partie.
Ce bond dans le futur proche n'a pas uniquement amené le studio de développement américain à se poser des questions sur le scénario. C'est tout le gameplay du jeu qui a été adapté à ce contexte singulier. D'une part, il y a tout ce matériel militaire complètement nouveau auquel le joueur doit s'habituer. Chaque arme, même la plus simple, a été l'objet d'un travail minutieux, toujours avec ce souci de réalisme, pour qu'elle s'intègre dans son époque. En 2025, le fusil de sniper offre par exemple de nouvelles fonctions au soldat. En pressant la gâchette suffisamment longtemps, les balles peuvent traverser toutes les surfaces, même les plus résistantes. De même, lors des assauts, les militaires se servent d'un arsenal complètement nouveau. Outre utiliser d'énormes plates-formes d'assaut dévastatrices, ils peuvent aussi demander à tout moment l'aide de petits drones aériens complètement autonomes, armés de mitraillettes. Concrètement, dans le jeu, votre personnage tapote sur une sorte d'énorme contrôleur accroché à son poignet, ce qui a pour conséquence l'arrivée immédiate de ces appareils volants ultra efficaces.
Le futur nous réserve des engins de guerre aussi étranges que redoutables.
Mais la vraie belle surprise réservée par Treyarch concerne la structure de la campagne solo. Dans Black Ops II, deux types de missions différentes vous sont proposées. D'un côté, on trouve celles que l'on qualifiera de classiques. Vous suivez un rail qui vous amène à déclencher une succession de scripts visant à vous en mettre plein les mirettes. L'exemple choisi par Treyarch lors de la présentation du jeu se déroulait en 2025, en plein centre-ville de Los Angeles. La mission débute par une scène au cours de laquelle on voit Mason, la présidente des Etats-Unis (hé oui, c'est une femme) et un inconnu discuter dans une voiture de l'armée. Dehors, c'est le chaos. Des drones de la taille d'un avion, ceux contrôlés par Menedez, viennent s'écraser avec une violence inouïe contre les buildings de la ville. Certains s'arrêtent en chemin pour canarder les civils et les militaires tentant d'empêcher – en vain visiblement – le pire de se produire. Après quelques secondes permettant de réaliser l'étendue des dégâts, un accident se produit. La voiture de la présidente fait plusieurs tonneaux. David Mason et sa protégée parviennent à s'extirper du véhicule. Il faut alors continuer à pied. C'est à ce moment que le joueur prend la main. La suite, c'est un enchaînement de scènes spectaculaires à un rythme effréné. Vous devez shooter (à l'aide du sniper futuriste et des petits drones aériens) ce qui semble être la milice de Menendez tout en protégeant la présidente et en évitant les attaques des drones. La mission vous conduit notamment à monter à bord d'une sorte de Jeep mais surtout, à piloter librement un avion à travers les gratte-ciel de Los Angeles. Un moment vraiment spectaculaire au cours duquel l'objectif est simple : localiser et abattre les drones ennemis. La mission se conclut lorsque Mason s'éjecte de l'appareil avec, en fond sonore, quelques notes de guitare symbolisant la décontraction du militaire.
Les fantassins n'auront toutefois pas disparu des champs de bataille.
De l'autre côté, on trouve les missions appelées « strikeforces ». C'est sur elles que repose le caractère innovant du jeu. Elles s'intègrent à la campagne de manière traditionnelle. La première différence vient du fait que la tâche à accomplir ne vous est pas directement imposée. Vous avez toujours le choix entre plusieurs missions strikeforces. Une fois votre choix effectué, vous ne pourrez plus revenir en arrière pour boucler celles que vous avez laissées de côté. A moins de reprendre une sauvegarde précédente bien évidemment. La raison est simple, vous pouvez réussir ou rater les objectifs qui vous sont fixés. En fonction de votre résultat, l'histoire s'en trouve changée. Des personnages de votre équipe peuvent mourir. Le contexte géopolitique mondial peut complètement changer. La fin même de la campagne ne sera pas la même. Pour la première fois, un Call of Duty propose donc des embranchements multiples donnant de l'importance à vos actions et offrant une véritable replay value au jeu. En prime, ces missions reposent sur un concept radicalement différent de ce que l'on a l'habitude de voir. Tout y est plus stratégique. Vous incarnez en effet le chef d'une unité Black Ops. Ce rôle vous donne l'opportunité d'expérimenter un gameplay original. Vous disposez d'une vue tactique aérienne qui vous permet d'avoir une vision d'ensemble du champ de bataille et des objectifs à remplir. A partir de celle-ci, vous avez la possibilité de donner des ordres à vos unités ou de leur assigner des objectifs, qu'il s'agisse d'hommes, de drones ou de plates-formes d'assaut. Si vous souhaitez à l'inverse être plongé au cœur de l'action, vous pouvez aussi rentrer dans la peau d'un soldat ou diriger vous-même drones et plates-formes de combat. Une manière pour Treyarch de ne rien imposer aux joueurs.
Un bel aperçu de notre avenir proche...
Visuellement, les quelques extraits choisis par Treyarch nous ont permis de constater que des progrès ont été faits depuis le premier Black Ops. Les effets de lumière et les animations ont gagné en finesse. Le jeu devrait qui plus est tourner en permanence à 60 images par seconde. Cependant, il s'agit toujours du même moteur. Il ne faut donc pas s'attendre à une révolution mais à quelques améliorations tout au plus. Pour ce qui est du multijoueur, l'une des composantes essentielles de tout Call of Duty, nous n'avons pas appris grand-chose à ce sujet. Nous savons juste que les modes se dérouleront tous en 2025 pour une question de cohérence globale et que le but avoué de Treyarch est de revenir aux bases, de concentrer les efforts sur le gameplay et sur la progression. Le studio souhaite aussi faire de Black Ops II un jeu massivement pratiqué lors des événements de e-sport. Enfin, toutes les interactions avec les réseaux sociaux seront bien entendu de la partie. Sachez pour conclure que Mark Lamia nous a affirmé que le jeu disposerait d'un mode Zombies archi complet, sans préciser toutefois de quoi il en retournait exactement.
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